Histoire du château de Craon

Le Marquis d'Armaillé fait appel à l'architecte Pierre Pomeyrol pour édifier son château. Construit entre 1773 et 1776, il n'en profitera pas longtemps, peu aimé des habitants de Craon, il fut chassé de son domaine lors de la révolution française manquant de peu de se faire assassiner.

Sa fille Marie-Camille de Cossé Brissac partie en exil, ses biens lui sont confisqués, il ne reviendra jamais dans son château de Craon, il faudra attendre la restauration pour que ses héritiers récupèrent leur château.

Entre temps  le château fut occupé par des troupes vendéennes puis par des troupes révolutionnaires, qui saccagent le parc. Il fut également une cohorte (administration régionale pour les pays de la Loire et la Bretagne) lors de la création de la légion d'honneur et haras national sous l'empire. Ses héritiers, les petits enfants du marquis d'Armaillé, vendront le château en 1828 à la mort de leur mère Marie-Camille, à la famille Champagné.

Cette vente servira notamment à financer la construction du monastère des bénédictines de Craon dont la mère prieure est Délie de Cossé Brissac, petite fille du Marquis d'Armaillé.

Vendu une seule fois en 1828, le château est depuis toujours resté dans la même famille, ce sont les héritiers de la famille Champagné qui sont les gardiens de ce lieu familial chargé d'histoire.

Les propriétaires du château de Craon, d’hier à aujourd’hui

 

  1. Pierre-Ambroise de la Forest d'Armaillé (1734-1806) baron de Craon, comte de Gonnord et du puy du fou, hérite de la baronnie de Craon et fait construire le Château.
  2. Marie-Camille comtesse de Cossé-Brissac (1759-1827),fille du marquis d'Armaillé. Elle hérite du château, à sa mort son fils Artus de Cossé Brissac  vend le château notamment pour financer la construction du monastère des Bénédictines de Craon dont sa sœur Délie est la mère Prieure. C'est la seule fois que le château est vendu.
  3. Guillaume de Champagné Giffard (1766-1831) achète le château de Craon en 1828. Il est marié avec Adélaïde de Bonneval. Ils ont eu 2 enfants. Clémentine (1798-1857) et Edouard
  4. Édouard de Champagné  Giffard (1802-1840) marié à Marie-Ernestine Loys de La Grange (1817-1887) ils héritent du château et Ernestine devenue veuve très tôt s’occupera seule de la gestion du domaine pendant 40 ans.
  5. René de Champagné Giffard (1838-1890) fils d'Edouard, marié avec Amicie Loÿs de La Grange (1853-1886) Morte de chagrin après la mort de son plus jeune fils, elle est enterrée à la chapelle aux côtés de son fils Juhel décédé à 5 ans , deux autres garçons sont également morts jeunes laissant Alain seul héritier du château.
  6. Alain de Champagné  Giffard (1874-1918) est marié à Hélène de Langle (1873-1954) et ils n'eurent pas d'enfants. Elle se remariera en seconde noce à Fortuné d'Andigné(1867-1935)  qui fit réaliser le jardin à la française C’est grâce à Hélène de Langle, qu’on a encore un beau parc aujourd’hui. En effet, pendant la seconde guerre mondiale, les allemands ont occupé le château. Hélène de Langle est restée et quand les allemands ont commencé à couper les arbres du parc pour se chauffer en 1943, elle est partie seule jusqu’à Laval pour faire classer son parc. Et ainsi, elle a pu stopper le massacre du parc à temps. Sans enfant, c'est le neveu d'Alain de Champagné Giffard, Louis de Guébriant, qui hérite du château. 
  7. Louis de Guébriant (1916-2005) hérite de sa tante en 1954, il est marié à Anne Loÿs de La Grange (1918-1958) Ils ont eut 8 enfants. Louis est veuf et se marie en secondes noces avec Geneviève de La Chaise, veuve d'un officier britannique de la Royale Air Force tombé en Birmanie en 1940.
  8. Loïk de Guébriant (1954) fils de Louis de Guébriant est marié à Hélène Devaux (1956) Ils ont 6 enfants. Ils habitent le château de 1984 à 2018.
  9. Bertrand de Guébriant(1980) fils aîné de Loïk de Guébriant est marié à Séverine Lancelot  (1979) Ils habitent le château avec leurs 5 enfants et en assurent la gestion depuis 2018.

La baronnie de Craon, du Moyen âge au siècle des lumières...

Craon est une ville sur l’Oudon vers les frontières de Bretagne avec un district d’une grande  étendue appelé le craonnais. Considérée comme une des marches de Bretagne,  c’est également la plus considérable baronnie de l’Anjou et les possesseurs de cette terre se qualifient de premiers barons. La famille de Craon est une ancienne famille de France, connue dès le XIe siècle, originaire de la cité de Craon située dans le Haut-Anjou de la Mayenne dite Mayenne angevine.

Quelques savants prétendent que cette Maison descendait en droite ligne de Bérenger 1er de Frioul, roi d'Italie.

Elle était possédée dans le  XIe siècle par un seigneur nommé Guérin sur lequel Geoffroy Martel comte d’Anjou, l’ayant confisqué en 1050 l’a donna à Robert de Nevers, neveu de sa femme. Renaud dit le bourguignon l’eut ensuite et sa postérité prit le surnom de Craon et conserva cette terre jusqu’à la mort d’Amaury IV seigneur de Craon.

Sa sœur Isabeau de Craon porta la baronnie de Craon dans la maison de la Trémoille. Charlotte-Catherine fille de Louis de la Trémoille troisième du nom épousa en 1586 Louis de Bourbon prince de Condé à qui elle porta en dot la baronnie de Craon.

La bataille de Craon a lieu le  dans le cadre des guerres de Religion. Elle oppose l’armée royale commandée par le prince de Conti à l’armée ligueuse. La défense de Craon par Pierre Le Cornu contre l'armée de Dombes et de Conti, en 1592, est héroïque. Avec une poignée de soldats aguerris et quelques volontaires, il tient contre Henri IV et fait flotter le drapeau de l'Union dans l'Anjou et le Maine. Conséquences: Henri IV de France, après être monté sur le trône, fait détruire dans le comté de Laval un grand nombre de maisons de campagne et châteaux garnis de murs et fossés, petits forts qui auraient pu servir encore de retraite à quelques restes de la Ligue. Les murailles de la ville de Craon qui lui avaient résisté pendant longtemps, et devant lesquelles ses généraux avaient reçu un échec, furent rasées.

La baronnie de Craon est passée ensuite en 1720 dans la maison d’Aloigny-Rochefort et fut vendue aux d’Armaillé qui firent construire le château actuel entre 1773 et 1776. 

Lien avec la famille de Beauvau Craon:

Jean IV, seigneur de Beauvau (1421-1503), frère du sénéchal Louis de Beauvau et fils de Pierre, seigneur de Beauvau et de Sermaise en Anjou, adopta le nom de sa mère Jeanne de Craon (femme de Pierre de Beauvau; issue des Craon-La Suze, une branche cadette de la grande famille féodale angevine qui posséda la seigneurie de Craon (Mayenne)), pour honorer la mémoire de celle qui mourut en couches en lui donnant le jour. Il commença donc la branche de Beauvau-Craon (qui n'eut pas, au demeurant, la baronnie de Craon (Mayenne) : en effet cette seigneurie angevine passa, par héritage de la branche aînée des Craon, aux Sully puis aux La Trémoille). En devenant, du droit de sa femme, baron de Manonville, il implanta en outre cette nouvelle branche en Lorraine, où elle eut Haroué, rebaptisé marquisat puis principauté de Craon, dans le cadre du duché de Lorraine et du Saint-Empire romain germanique.

 

Un château à la mode du XVIIIe

Architecture extérieure

L’édifice du XVIIIe siècle se compose d’un grand corps de logis rectangulaire d’un seul étage et de deux pavillons formant de courtes ailes. Il est construit en pierre de taille, du tuffeau de la région de Saumur, à l’exception des murs latéraux des pavillons appareillés en briques.

Les deux façades orientées au nord-est et au sud-ouest, sont percées de fenêtres élancées dont les linteaux et les appuis sont sculptés et surmontés d’attiques – étage secondaire qui termine la partie supérieure du bâtiment – décorés de vases et de statues. Un fronton orne le centre de chaque façade.

La construction du château est fondée sur les quatre éléments représentés par quatre sculptures disposées aux quatre angles du logis : l’eau et le feu (façade nord-est), la terre et l’air (façade sud-ouest).

La façade nord-est s’ouvre sur la cour d’honneur. Le décor attire l’attention du visiteur vers le centre du logis, sur l’entrée surmontée d’un fronton portant les armes des familles Champagné et Langle. Aux extrémités du corps de logis, deux constructions semi-circulaires assurent la liaison avec les pavillons et cassent la raideur des lignes architecturales.

La façade sud-ouest donne sur le jardin, avec des courbes et des angles arrondis en quart de cercle. Trois travées forment un léger avant-corps du logis percé de trois grandes ouvertures en plein cintre et surmonté du fronton orné d’une scène mythologique : Flore couronnée de fleurs par un petit Amour portant un miroir. Cette façade moins austère apparaît plus élégante et plus raffinée que la façade nord-est avec un décor de drapés, de guirlandes et de mascarons (têtes de femme sculptées).

Deux pavillons encadrent le logis principal. Ces annexes latérales sont plus basses que le corps de logis et dis- posées à l’équerre de part et d’autre du perron sur la façade nord-est tandis qu’elles apparaissent en retrait sur la façade sud-ouest.

Au nord-est du château, dans le prolongement des pavillons latéraux et quadrillant la cour d’honneur se trouvent deux bâtiments quadrangulaires flanqués de quatre tourelles d’angle. Il s’agit de la chapelle et du pavillon de menuiserie.

Ces deux pavillons édifiés en briques possèdent des encadrements d’ouverture en tuffeau, qui sont autant de notes de rappel du logis principal.

Illustration du style néoclassique du XVIIIe siècle, le château de Craon emprunte son inspiration aux ateliers parisiens avec ses proportions, ses formes pures et son ornementation à la grecque. « L’édifice montre à quel rythme la province s’intègre au mouvement général de l’art, commandé de Paris ».

Du siècle des lumières à aujourd'hui.

Architecture intérieure

Les intérieurs du château ont été modifiés aux XIXe et XXe siècles. Ces remaniements, principalement effectués en 1843 puis entre 1897 et 1900, concernent notamment la salle à manger, les entresols des pavillons et le vestibule d'entrée. Ils accompagnent la construction d'un escalier d'honneur monumental. L'espace est ainsi redistribué autour d'une vaste entrée sur laquelle s'ouvre cet escalier de marbre desservant le premier étage et disposant d'un éclairage naturel jusqu'alors inexistant, qui met en lumière une peinture du XVIIe siècle attribuée à Rosa de Tivoli.

Le marquis Alain de Champagné a fait appel à trois architectes parisiens de renom, MM. Coulomb, Chauvet et Visseaux, pour réaliser les travaux de modernisation du château à la fin du XIXe siècle. M. Chauvet s'est d'ailleurs illustré dans les travaux de décoration intérieure de la tour Eiffel pour l'Exposition universelle de 1889. De nouvelles normes de confort font leur apparition au château de Craon avec l'installation de salles de bains, de calorifères (chauffage à charbon) et de l'électricité. Le château de Craon a été le premier monument de Craon à bénéficier de l'électricité qui était fabriquée par un gros moteur installé dans la buanderie du château. Il est encore visible aujourd'hui.

Au premier étage, la distribution des pièces à travers un long couloir (où figurent les portraits de tous les rois de France) est toujours de mise. Seule une ancienne chambre a été supprimée pour ouvrir le palier de l'escalier d'honneur tandis qu'une autre chambre contiguë a été transformée en lingerie. Du côté du pavillon des domestiques (nord-ouest), l'escalier de service reste inchangé et dessert l'étage où un couloir central distribue les chambres parmi lesquelles une chambre ovale.

C'est surtout au rez-de-chaussée que l'aménagement du nouvel escalier, du côté du pavillon d'honneur, va bouleverser l'espace et la vie intérieure du château.

Un fumoir remplace l'appartement à coucher du rez-de-chaussée. Une autre chambre est transformée en salon intermédiaire entre le grand salon et le petit salon situé à côté du fumoir. À l'instar du grand escalier, la salle à manger est réaménagée dans le style Louis XVI de nouveau à la mode à la fin du XIXe siècle, ce qui s'accorde parfaitement avec la date de construction du château.

 

Des colonnes adossées sur chaque mur, entre les ouvertures, sont supprimées et remplacées par des pilastres en bois peint imitant le marbre et surmontés de chapiteaux ioniques. Au-dessus des portes, des panneaux sont décorés de scènes mêlant des petits Amours. À côté de la salle à manger, le grand salon n’a subi aucun réaménagement et consacre le goût Louis XVI. Les murs se répondent par une décoration identique : consoles au décor floral et panneaux représentant des paysages italiens dont une vue de la baie de Naples. Des corniches sculptées surmontent des portes qui ouvrent sur les pièces attenantes. Cette décoration du XVIIIe siècle a recours à des ordonnancements symétriques qui s’inspirent de la Grèce afin de donner à l’intérieur du château l’apparence de salles antiques.

Conçues en enfilade, les pièces du rez-de-chaussée ouvrant au sud-ouest sur le jardin ont conservé leurs dispositions et leurs décorations d’origine, notamment de remarquables lambris sculptés. Ainsi le petit salon est-il décoré de panneaux sculptés de gerbes de fleurs et de mascarons. Des guirlandes encadrent des miroirs et des portraits peints dans des ovales. Dans le salon de musique, les décorations reproduisent un style Louis XIV : aux lances et carquois encadrant le miroir et l’alcôve se mêlent des motifs floraux et des instruments de musique. L’alcôve dans le mur indique que ce salon correspond à un ancien « appartement à coucher ».

Dans les années 1920, les propriétaires poursuivent les réaménagements du château dans le goût Louis XVI. La bibliothèque, le vestibule et la salle à manger sont ainsi décorés et meublés pour donner à l’intérieur du château une unité de style qui corresponde à son architecture.

Un château très inspiré par Versailles...

 

Le XVIIIe siècle est traditionnellement appelé le Siècle des lumières. Il s'agit là d'un terme d'ordre idéologique mettant l'accent sur le dynamisme de ce siècle mis en parallèle avec les 2 siècles précédents de la Renaissance. L'innovation principale du siècle des lumières est le rejet des idées à priori grâce au cartésianisme. On réfléchit et l'on cherche dans la discussion à marquer ses idées et ses conceptions. On étudie la nature et ses relations avec l'homme; l'encyclopédie de d'Alembert et Diderot résume bien ceci. Pouvoir grandissant de la bourgeoisie au détriment de la noblesse, surtout des plus grands !

Il s'agit donc d'un siècle raisonneur et critique; on philosophe dans des cercles et des salons où sont invités les grands esprits de l'époque. L'écrivain et le philosophe peuvent enfin vivre de leur plume car ils sont reconnus et estimés.

Les sciences se développe en contrecoup. L'homme est optimiste et a foi en lui, en son devenir et en la nature. Cette attitude d'assurance , de prise de conscience contient en elle les ferments de la Révolution. C'est aussi une période féconde pour les relations internationales qui facilitent les échanges d'idées, d'œuvres, ...

C'est le fort développement économique de toutes les nations , la démographie croissante, la stabilité politique et la baisse des pouvoirs absolus qui sont à l'origine de cette évolution des mentalités. On voit alors apparaître un art destiné à satisfaire un réel besoin d'embellir son cadre de vie et pour un plus grand nombre d'individus de niveaux sociaux différents!

Grâce à sa langue et à son art de vivre, la France domine largement ce siècle jusque vers 1760 (fascination exercée par Versailles, Vaux le Vicomte...), aussi grâce à l'équilibre entre les différentes tendances artistiques. 

Deux courants majeurs dans ce siècle : rocaille et néo-classicisme. Le style Rococo issu du courant "rocaille" est né en France vers le milieu du XVIIIe siècle. Ce fut une réaction de la noblesse contre le baroque classique imposé par la cour de Louis XIV. C'est un style aristocratique qui révèle un goût pour le clair, l'élégant, le raffiné et le galant. Il s'harmonise à une vie désinvolte, agréable et amoureuse de la nature. Les caractéristiques de ce style sont raccrochées à son nom. La façade sud du château de Craon s'en inspire. 

le XVIIIe siècle se divise en 3 grandes périodes :

  • Les 30 premières années où prédomine le baroque tardif
  • Les années centrales qui voit apparaître et se diffuser le style rocaille ou rococo
  • Les 30 dernières années du néo classicisme qui correspondent au style du château de Craon notamment la façade nord

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